Il était dix-huit heures, les gens passaient, les voitures criaient, le sol vibrait, le livre bâillait.
Le livre était gris, gris de pas, gris de bus. D’une épaisseur floue que la poussière gonflait. Il était collé au sol, retenu par un mystérieux ancrage que seul lui voyait.
Je passai mon chemin, m’acheminai vers mon appartement qui se situe Boulevard Saint Germain au numéro 31, au dernier étage. Poussai la porte. Une chambre de bonne tapissée de livres. L’hiver, il y faisait froid, et l’été passait à la vitesse d’un toit brûlant. J’étais étudiant en littérature le soir et employé de la RATP le jour. C’était une chambre de bonne mais elle avait des murs très espacés, et quand il y faisait froid, de loin en loin, je pouvais regarder par la fenêtre les ailes des pigeons froufrouter et les conduits de cheminée tousser. Continuer la lecture de « Le professeur Oreille de Suie »